Les sociétés de la Mésopotamie

Les Sumériens, Akkadiens, Babyloniens et Assyriens bénéficiaient tous des eaux généreuses des fleuves Tigre et Euphrate, source principale d’irrigation de leurs cultures agricoles. Lorsqu’une éruption volcanique importante provoqua de longues périodes de sécheresse suivies d'inondations, les terres agricoles perdirent en productivité et ils n’arrivèrent bientôt plus à nourrir leur population grandissante. Des tribus nomades, elles aussi affectées par la sécheresse, profitèrent de la situation pour s’accaparer une partie de leurs terres, ce qui fragilisa leurs échanges économiques.

(Vers 2200 avant J.-C.)

Romains

L’Empire romain prit de l’expansion pendant une période où le climat fut très stable et favorable. Son étalement géographique et son économie décentralisée (les régions éloignées apportaient les ressources primaires au centre de l’empire tels que la nourriture, le bois ou les métaux) le rendirent cependant vulnérable en cas de sécheresse ou d’invasions barbares. Selon les données historiques, le climat fut plus instable et marqué par des périodes de sécheresse et de refroidissement à partir d'environ 200 ans après J.-C. Dans la vallée du Nil, considérée comme le grenier à blé de l'Empire, les conditions de productions agricoles deviennent moins favorables. Au même moment, l'empire est en prise avec de graves problèmes économiques, politiques et militaires. Au IVe siècle, une sécheresse importante aurait poussé les Huns à chercher pâturage plus au sud et à l'ouest, entamant une période d'invasions barbares successives, fragilisant un empire déjà instable et le menant à sa chute. Des variations climatiques combinées à d'autres facteurs économiques et politiques auraient donc contribué à la chute de l’Empire romain.

(Environ 600 après J.-C.)

Mayas

Plusieurs théories existent sur l'effondrement de la civilisation maya. Selon Jared Diamond, les Mayas de la vallée de Copan déboisèrent massivement les collines environnantes pour y cultiver le maïs afin de répondre aux besoins d'une population grandissante. Cela fragilisa l’écosystème et favorisa l’érosion des terres arables. Lorsqu’une sécheresse frappa la région, la nourriture et l’eau vinrent à manquer. Les élites, trop préoccupées par la compétition entre eux, leur propre enrichissement et leurs plans de développement à court terme, n'auraient pas porté attention à ces problèmes. Résultat : la population déclina rapidement et abandonna progressivement la région.

(entre 760 et 910)

La peste noire

La peste noire a marqué l’époque médiévale en causant des millions de morts à travers toute l’Europe. Plusieurs sociétés européennes en ont souffert sans toutefois s’éteindre. Un climat très humide et instable aurait causé un affaiblissement de la santé des populations et favorisé la propagation de la maladie. Selon plusieurs études récentes, l'épidémie de peste noire serait également liée à des variations climatiques en Asie. Un printemps particulièrement humide suivi d’un été très chaud aurait favorisé la prolifération de gerbilles porteuses de la maladie qui furent transportées jusqu’en Europe par la route de la soie.

(14è siècle)

Vikings

Les Vikings du Groenland ont eux aussi été décimés par une combinaison de facteurs parmi lesquels une variation du climat aurait joué un rôle important. Les Vikings se sont installés au Groenland pendant « l’anomalie climatique médiévale », une période où le climat était relativement clément. Suite à cette période, le climat a connu un refroidissement important. Ce « petit âge glaciaire » marqua l’Europe entière en provoquant des hivers très froids. Les Vikings du Groenland consommèrent alors massivement du bois pour le chauffage, défrichant les terres libres de glace de la région. Les ressources en bois de charpente, en bois de chauffage et en fer vinrent à manquer. Suite à l'érosion des sols et au manque de pâturages, les animaux ne purent survivre au froid et à la faim. Ne mettant pas d’alternative en place à leur consommation de ressources, les Vikings auraient quitté la région ou y seraient morts de faim et de froid.

(vers 1500)

Société de l’Île de Pâques

Selon plusieurs experts, dont l'anthropologue Jared Diamond, la surexploitation des ressources naturelles de l’île serait l'une des causes majeures de la disparition de cette société. Une déforestation d’envergure entre le 15e et 17e siècle aurait pratiquement privé l’île d’arbres, causant un problème d’érosion des sols. Une période subséquente de sécheresse et d'instabilité climatique aurait causé une famine et un conflit social menant au déclin de cette société.

(fin 18è siècle)

Société moderne

Aucune société humaine n'est épargnée par les conséquences du réchauffement climatique actuel. À l'instar des civilisations passées, on observe un peu partout sur la planète des perturbations au niveau de la production des ressources agricoles, des échanges économiques, des installations et des modes de vie humains. Si ces perturbations restaient très régionales dans le passé, l'ampleur des modifications climatiques est telle que les conséquences sont autant locales que globales.

Comment appréhender des changements d'une ampleur qui nous dépasse et qui menace la biodiversité tout entière, mettant ainsi en péril la survie de l'espèce humaine? Pouvons-nous apprendre des erreurs des civilisations passées, mais aussi des sociétés qui ont appris à vivre avec la nature de façon durable? C'est probablement le moment de prendre un pas de recul, de questionner nos modes de consommation et notre système basé sur la croissance, afin de trouver des solutions plus durables sur une planète aux ressources limitées. Et si nous considérions qu'en tant qu'êtres humains, faisant partie de l'écosystème naturel, nous SOMMES la nature qui doit prendre soin d'elle-même? Et si notre survie en dépendait?

(aujourd’hui)